Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le nouveau blog de Garance
2 février 2013

Berlin, le 1741 ou Noël après Noël

Berlin, le 1741 ou Noël après Noël

 

Antonio et moi avons décidé de fêter le passage à 2013 à Berlin. 

berlin-006

 

Je me rends compte maintenant que ça tombait bien, avec le 50e anniversaire de l'amitié franco-allemande (oui, comme je n'ai pas la tête historienne, je n'avais absolument pas capté que cette année était l'occasion d'un anniversaire important - hormis le mien, hein  - mais je suis infiniment attachée à la concorde entre nos deux pays).

 

berlin-066

Il est vrai que Berlin est à la mode, en France tout particulièrement; alors, je voulais aller voir pourquoi. J'ai fantasmé précisément sur les parcs et Prenzlauer Berg - Antonio m'avait fait remarquer qu'en hiver, les parcs, ça allait être difficile de les apprécier, et oui, nous nous sommes contenté de celui du château de Charlottenburg et c'était tout de même bien tristounet... bref, pas de miracle à signaler, Berlin-ville-verte, c'est au printemps et en été - on est toujours sur Terre... J'espérais en fait que la ville serait couverte de neige épaisse et immaculée (qui dit climat continental dit neige-en-hiver, non??), avec toute la féérie qu'il se doit. En fait, il ne devait pas faire assez froid donc il a juste fait un temps maussade.

Il faudra donc retourner à Berlin à une saison plus propice à la promenade, surtout que je pense n'avoir eu qu'un aperçu de Prenzlauer Berg.

En revanche, nous avons déjà bien déambulé dans Mitte, qui est attrayant au possible avec les "Höfe" qui ressemblent à des "villages" : cours gigognes, dédales au sein des pâtés de maisons, où sont nichées boutiques de créateurs et cafés tendances.

berlin-016

  

Sur le plan ethnologique : nous ne sommes par restés suffisamment longtemps pour faire vraiment connaissance avec les autochtones, et, en gros, avec tous les touristes habituels dans une mégapole et le brassage culturel actuel, les fameux clichés sur le peuple allemand ne m'ont pas sauté aux yeux. Curieusement même, j'ai trouvé pas mal de similitudes avec ce que je vis en France : des trains pas précisément à l'heure, pas bien équipés, pas toujours bien agencés (rames en moins, débarqués à l'envers...) - bref, la Deutsche Bahn pas meilleure que la SNCF qui donne assez souvent l'impression de se payer la tête de ses clients. En groupes, des gens pas si disciplinés que cela : les hordes de shoppeurs et shoppeuses se ruant dans les magasins le 31 décembre (nous ne savions pas que nous arriverions pile la veille des soldes d'hiver...) étaient hahurissantes ! de quoi vous dégoûter d'aller visiter le KaDeWe, pourtant monument berlinois incontournable...

berlin-010

 

 

 

 

 

 

 

 

Un autre point commun est le goût pour les bonnes choses : il est très facile de trouver de bons restaurants; par exemple, nous avons réveillonné dans un endroit très mignon, très stylé, où nous avons goûté des produits de luxe et de qualité (esturgeon, homard, truffe, pigeon). 

berlin-032

 

 

Et en même temps, voici un point de différence : le rapport qualité/prix est bien meilleur qu'en France, ou pire, passée la frontière des Pays-Bas en général en Europe. Au final, sans passer par la case currywurst,on mange effectivement très bien pour pas très cher à Berlin, ça n'est pas une légende.

2012-12-30 22

Enfin, ce qui m'a réellement étonnée, c'est la tradition des feux d'artifice et pêtards à la St-Sylvestre : je crois que pas une seule rue, ce soir-là, n'est épargnée; les habitants ont l'entière liberté d'allumer tout ce qu'ils veulent, et d'en laisser ensuite les déchets sur les trottoirs... c'est à la fois effrayant et très amusant. En tout cas, pour une ville qui a subi la violence des bombardements en temps de guerre, c'est très très étrange...

 

J'avoue être de moins en moins attirée par les musées et les monuments; on peut trouver ça désolant par rapport à une ville telle que Berlin qui est plutôt extraordinaire sur ce plan. Maintenant, un monument, ça n'est pas toujours esthétique... et Berlin n'est ni Vienne, Moscou, Edimbourg, Paris... En revanche, ce qui me semble indispensable à Berlin, c'est d'aller écouter de la musique dans les grandes salles. Je n'avais même pas osé en rêver mais Antonio y a pensé : commencer la soirée de la St-Sylvestre par un concert de la Staatskapelle, au Staatsoper (côté Schiller)

Berlin_Deutsche_Oper_Zuschauerraum-1024x768

 au programme, la 9e de Beethoven; à la direction : mon héro, Barenboïm - le rêve ! vraiment le rêve !

Nous avons rapidement repéré un francophone devant nous, qui prenait des notes pendant le concert - de quel critique musical s'agit-il?? la question me démangeait, et nous sommes allés voir sur le net; nous avons trouvé son article qui montre bien que nous n'étions pas les seuls à être totalement enthousiasmés et très émus, et par la musique, et par le "message" porté...

 

 Le retour à la maison s'est fait en incluant une étape à Strasbourg. Ca a été l'occasion d'une nouvelle aventure gastronomique d'autant plus réjouissante qu'inattendue.

Au sortir de notre hôtel, en fin de matinée, notre but était de prendre le plus rapidement possible le thé dont nous n'avions pas encore pu profiter, ayant sauté la case petit-déjeuner (souvent problématique en voyage compte tenu de l'allergie de l'un et de l'intolérance de l'autre à certains ingrédients). La facilité nous a fait choisir le fameux salon de thé C... près de la cathédrale, pour un brunch. Nous y sommes arrivés avant midi et tout semblait bien se profiler pour nous en dépit des nombreuses mamies et papys déjà installés. Mais un épisode fâcheux s'est produit - pour résumer, nous nous sommes fait marcher sur les pieds par une vieille dame totalement sans-gêne assortie d'un bizarre sosie de Karl Lagerfeld et, cerise sur le macaron, je me suis fait enguirlander par le serveur. Bref, après avoir bu sagement notre thé, histoire de nous réveiller enfin et d'être en mesure d'affronter tout autre dragon de salon, et nous avons filé voir ailleurs - je me suis promis de ne plus aller chez C... na !

Pour nous sustenter à l'alsacienne, j'avais quelques pistes du côté de la rue Ste-Madeleine. Nous traînions donc nos guêtres quai des Bateliers quand notre regard a été attiré par une devanture ultra élégante laissant entrevoir un intérieur Louis XVI revisité; la curiosité nous mène vers la carte, et nous comprenons que nous avons à faire à un "grand", visiblement jeune, mais déjà très grand... Passe à côté de nous un homme qui de toute évidence travaille là et nous salue avec un grand sourire... Il nous faut encore quelques secondes de réflexion avant de nous décider à tenter l'aventure, et ça y est, nous franchissons le seuil du 1741, sans le savoir vraiment, tout impressionnés que nous sommes.

berlin-148

On nous accueille d'emblée très gentiment. Comme nous n'avons pas réservé, on nous envoie à la cuisine - ah bon, la cuisine?? ça va pas être un peu bruyant? m'inquiétai-je intérieurement... on nous conduit donc au 2e étage; au passage, j'aperçois le 1er étage qui est investi, côté fenêtres, par un groupe, et en face, par une demi-douzaine des convives installés dans un dodu boudoir rose bonbon. La cuisine, par contraste, est toute blanche, noire et métal, très "design", et un peu glaciale sur le moment. Un couple et une petite famille ont déjà pris place sur les petites tables alors on nous offre le choix sur une grande table d'hôtes, que nous aurons finalement pour nous tous seuls. Un maître d'hôtel énergique nous explique les règles du jeu et nous nous laissons tenter par un menu surprise, tenant compte de l'allergie de l'un et des exigences en matière de créativité de l'autre...

Je redescends faire un tour au petit coin, ce qui me donne l'occasion de goûter à nouveau la déco, le plus discrètement possible... Chez les dames, c'est un véritable lieu d'aisance : une pièce toute à soi d'environ 7 m2, de quoi se laver et se sécher les mains confortablement... et un certain nombre de miroirs, dont l'un se trouve bien curieusement placé... ça m'intrigue, mais je me décide à remonter à la cuisine, sans manquer de jeter un coup d'oeil aux wouawouas des hommes, bien moins spacieux mais avec une tapisserie façon toile de Jouy dont les tons me semblent fort jolis. A mon retour, Antonio fait son aller-et-retour lui aussi, et revient, l'air très amusé : "ah ben c'est drôlement coquin, les toilettes des hommes !" Mes sourcils relevés l'interrogent. "Ben, la tapisserie..." Ah, j'y suis, je n'avais pas bien capté les motifs mais j'imagine qu'il s'agit de cette toile de Jouy détournée comme j'en ai vu dans les magazines !... Une logique de narcissique chez les femmes et une logique de voyeur chez les hommes : c'est plutôt cliché, mais ça reste amusant, et surtout élégant.

A présent que nous sommes bien installés à la "cuisine", j'apprécie mieux la déco : les murs sont couverts de photos du paysage extérieur, à la même échelle, dans un camaieu de gris et blanc, si bien qu'on a l'impression que les murs qui nous entourent sont tranparents tout en nous enveloppant comme des nuages. C'est tout de même incroyablement bien vu...

Les différentes étapes du repas se succèdent dans une sorte d'enchantement créé par les surprises que nous ont réservées le chef et le sommelier (qui se montre ravi d'avoir à faire à des personnes curieuses) et par la gentillesse discrète du maître de maison. Et je remarque que, contrairement à mes craintes a priori, la cuisine n'est pas du tout envahissante : le personnel est calme, discipliné, constamment affairé sans être débordé. Nous finissons notre séjour au 1741 par une visite guidée de tous les étages de l'établissement, un peu plus librement maintenant que nous sommes pratiquement les seuls à cette heure un peu tardive...

Bref, que d'élégance au 1741 ! "Luxe, calme, et volupté"...

2013-01-04 15

 

Publicité
Publicité
Commentaires
le nouveau blog de Garance
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité